J’aime l’énoncé de mission de Ravi Zacharias international ministries : « Aider le penseur à croire et le croyant à penser. » Cela rend bien l’idée de l’apologétique. Les apologistes sont réputés pour être des philosophes et/ou scientifiques, penseurs et croyants. Il faut admettre que ce terme n’est pas très bien connu dans la francophonie et même à l’intérieur de l’église chrétienne. Officiellement, voici une définition communément acceptée de ce qu’est l’apologétique :
« L’apologétique a pour mission de donner une défense raisonnée du théisme chrétien à la lumière des objections soulevées contre elle et d’offrir des évidences positives en sa faveur. »[1]
Cette définition est forte utile, car elle met en lumière deux tâches essentielles de cette discipline, soit recevoir les objections et y répondre, ainsi qu’offrir des évidences qui soutiennent le christianisme.
Pour ne pas être simpliste, faisons un pas de plus. L’appel ultime à suivre Jésus-Christ est de vivre une vie qui reflète qui il est. Et c’est exactement ce mandat[2] qu’a l’apologétique. Ce domaine a comme mandat de faire face à des questions réelles, de personnes réelles, dans la vie réelle. Autrement dit, l’apologétique veut et doit faire face aux questions de notre temps de manière à rejoindre celui qui pose des questions et cela de façon pertinente selon le contexte. Regardons les deux tâches principales de l’apologétique :
« L’apologétique a pour mission de donner une défense raisonnée du théisme chrétien à la lumière des objections soulevées contre elle […]»
Malgré que l’on demande la tolérance, il faut admettre que « nous vivons à une époque où les critiques ont perdu toute délicatesse et de décorum dans un débat. »[3] Heureusement, ce n’est pas le cas de tout le monde, mais il reste que l’apologiste se retrouve souvent devant une audience hostile au christianisme. Le christianisme n’est plus le paradigme dominant dans bien des sociétés. Et c’est le cas au Québec. Il fait face à des objections et des attaques où la croyance en Dieu est rejetée par plusieurs. D’un autre côté, il y en a d’autres qui rejettent l’existence du Dieu chrétien pour adhérer à la croyance en d’autres dieux. Les objections peuvent provenir de philosophes Athées, de bouddhistes, de mormons, hindous, féministes et bien d’autres. On ne compte même pas les différentes philosophies, ou mêmes approches psychologiques qui rejettent le christianisme.
Dans tous les cas, l’apologiste a comme mission de donner une réponse raisonnée de cette croyance qu’il a et il doit le faire de façon pertinente. Mais avant d’aller plus loin, il convient de définir de la méthode par laquelle l’apologiste va fournir une réponse pertinente et raisonnée du théisme chrétien. En fait, la question est celle-ci : « Comment savoir qu’une chose est vraie? » Il me semble que les paroles de Ravi Zacharias peuvent nous éclairer :
« À mon avis, tout système ou toute affirmation qui se réclame de la vérité doit satisfaire à trois conditions comme préliminaires à tout examen approfondi. Ces trois tests sont (1) la cohérence logique (2) la justification empirique et (3) le bien-fondé expérimental. »[4]
Ces trois tests peuvent servir de base pour détecter la validité d’une théorie ou d’une croyance, d’une philosophie ou encore une religion. Il ne suffit pas de croire qu’une chose soit vraie pour qu’elle le soit. Elle doit correspondre à la réalité. Zacharias continue pour éclairer ces examens :
« Leurs déclarations présentent-elles une cohérence logique? Existe-t-il un domaine concret dans lequel les affirmations de cette vérité peuvent être vérifiées? Sont-elles pertinentes, autrement dit, s’appliquent-elles valablement dans ma vie? »[5]
Examiner si elle est vraie et si elle peut être confirmée. Par la logique, la science et les domaines qui confirment qu’une chose correspond à la réalité, voilà un des volets de l’apologétique. Nous élevons souvent beaucoup plus la science que la logique. Mais la science sans logique peut-être une folie. Voici une illustration classique pour illustrer l’importance de la logique et de la loi de non-contradiction :
Imaginons un scientifique et un prédicateur qui discute ensemble sur la vérité absolue[6]:
— Le scientifique lui dit : la vérité absolue n’existe pas.
— Le prédicateur lui dit : en es-tu absolument certain
— Le scientifique : absolument
— Le prédicateur : Donc tu me dis qu’il est absolument certains que rien n’est absolument vrai.
De bon gré ou non, les scientifiques font des affirmations philosophiques. Malheureusement, on sépare trop souvent ces deux domaines. À titre d’exemple, écouter ce que Stephen Hawking, le célèbre mathématicien et physicien a dit dans son récent livre :
« Mais la philosophie est morte, faute d’avoir réussi à suivre les développements de la science moderne, en particulier de la physique. »[7]
Malgré tout, il fait de la philosophie tout au long de son livre et il conclut dans les dernières lignes de son livre que les « considérations abstraites de logique » ont débouché sur une théorie qui décrit le vaste univers[8]. On ne se sort pas du test de la cohérence logique. Dans ce sens, l’apologétique cherche à donner une défense du christianisme face aux objections qui sont soulevées de toutes parts en évaluant les objections et en y répondant.
« L’apologétique a pour mission […] d’offrir des évidences positives en sa faveur. »
L’apologétique n’a pas comme seule fonction de regarder si un argument est vrai ou faux. Il a aussi comme mandat de présenter des évidences qui supportent la vérité du christianisme. Le concept biblique de vérité est en relation avec la fidélité objective à la réalité révélé à travers la création. Autrement dit, nous croyons que ce que la bible dit est vérifiable dans la nature.
Comme nous avons vu, il y a un volet défensif à l’apologétique, mais ici il s’agit d’un volet beaucoup plus offensif. C’est la présentation du christianisme et de ses vérités. Cette offensive tend à se diviser en deux catégories : la théologie naturelle et les évidences chrétiennes[9].
La théologie naturelle cherche à donner des arguments et des évidences qui supportent le théisme, mais cela indépendamment de la révélation de Dieu dans la bible. La deuxième approche cherche à présenter, défendre et soutenir le contenu de la bible.
Voilà une brève présentation de ce que c’est l’apologétique. En sommes, pour l’incroyant elle l’aide à penser sur ses propres présuppositions, questionnements et objections à l’égard du christianisme ou du théisme. Elle présente une défense et à la fois une présentation raisonnée selon le contexte individuel et culturel. Et enfin, pour le croyant elle fortifie les croyances et aide à la maturité spirituelle et intellectuelle. Ces bibittes bizarres que sont les apologistes nous relèvent un défi et ils ont comme objectif de nous faire passer d’une opinion, à une conviction. Ils aident effectivement les penseurs à croire, et les croyants à penser.
[1] Craig William L., and Moreland J.P., Philosophical foundations for a Christian Worldview, IVP Academic, interVarsity Press, 2003, p.14.
[2] Malheureusement, nous réduisons trop souvent cette tâche à des élites intellectuelles et nos églises se privent elles-mêmes d’une source de bénédictions.
[3] Craig William L., Contending with Christianity’s critics, answering New Atheists & other objectors, B&H Academic, 2009, p.vii.
[4] Zacharias Ravi, L’homme peut-il vivre sans Dieu? Éd. Farel, 1994, p.139.
[5] Zacharias, ibid., p.140.
[6] Ou vérité universelle.
[7] Hawking Stephen et Mlodinow Leonard, Y a-t-il un grand architecte dans l’univers? Dieu et la science, éd. Odile Jacob sciences, 2010, p.11.
[8] Hawking, ibid., p.220.
[9] Craig William L., Reasonable Faith, Christian Truth and apologetics, 3e ed., Crossway, 2008, p.23-24.
Jean-Luc Lefebvre, B.Sc., M.A. Théologie
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