Une autre ligne d’argumentation offerte par Michel Onfray dans les premières pages de son livre « traité d’athéologie » consiste à critiquer la source des croyances théistes, c’est à dire le mécanisme à travers lequel les croyances en Dieu sont formées dans la tête du croyant. Si le monothéiste croit en l’existence de Dieu, affirme Onfray, ce n’est pas parce qu’il a cherché (et trouvé) la vérité ; au contraire, les croyances en Dieu proviennent de différentes sources, qui n’ont rien à voir avec la vérité : un désir d’oasis par des hommes assoiffés, un désir de repos par des hommes fatigués, ou un besoin d’espoir par des hommes craignant la mort. Il décrit sa thèse de la soif et de la fatigue en page 17: « Je songe aux terres d’Israël et de Judée-Samarie, à Jérusalem et Bethléem, à Nazareth et au lac de Tibériade, autant de lieux où le soleil brûle les têtes, assèche les corps, assoiffe les âmes, et génère des désirs d’oasis, des envies de paradis où l’eau coule, fraîche, limpide, abondante, où l’air est doux, parfumé, caressant, où la nourriture et les boissons abondent. Les arrières-mondes me paraissent soudain des contre-mondes inventés par des hommes fatigués, épuisés, desséchés par leurs trajets réitérés dans les dunes ou sur les pistes caillouteuses chauffées à blanc. Le monothéisme sort du sable. »
Le même genre de considérations apparaît en page 27 lorsqu’il dit des croyants : « je désespère qu’ils préfèrent les fictions apaisantes des enfants aux certitudes cruelles des adultes. Plutôt la foi qui apaise que la raison qui soucie—même au prix d’un perpétuel infantilisme mental. »
La thèse se précise : les croyances en Dieu, qui proviennent d’un désir autre que de croire la vérité (en l’occurrence un besoin d’apaisement), témoignent d’une défaillance intellectuelle. Un « infantilisme » mental. Autrement dit, l’intellect humain, qui a pour fonction normale de détecter et croire la vérité, se trouve malfonctionner chez le théiste, et génère des croyances qui visent non pas la vérité, mais le confort. Deux dernières citations d’Onfray suffiront pour illustrer l’idée. Il annonce en page 28 : « La crédulité des hommes dépasse ce qu’on imagine. Leur désir de ne pas voir l’évidence, leur envie d’un spectacle plus réjouissant, même s’il relève de la plus absolue des fictions, leur volonté d’aveuglement ne connaît pas de limites. »
Le langage d’un « aveuglement » témoigne bien d’une « dysfonction » mentale, générant des idées motivées par la peur plus que par la vérité. « Avoir à mourir ne concerne que les mortels : le croyant, lui, naïf et niais, sait qu’il est immortel, qu’il survivra à l’hécatombe planétaire ». Le motif est donc clair : peur, dysfonction mentale, formation d’une croyance qui apaise plutôt qu’une qui correspond à la réalité.
En réponse à cette thèse, je propose trois contrarguments, démontrant premièrement qu’elle est impertinente, deuxièmement qu’elle est démontrablement fausse, et troisièmement, qu’elle offre même les prémisses pour un argument qui réfute le naturalisme athée.
Tout d’abord, donc, la charge d’impertinence. Il n’est pas bien clair quelle conclusion ferme Michel Onfray tire de ses affirmations ci-dessus, mais s’il les emploie comme un argument contre la croyance en Dieu, alors il s’agit d’un raisonnement fallacieux appelé le « sophisme génétique ». Cette erreur de raisonnement consiste à critiquer la source d’une croyance (au lieu de sa vérité) pour la rejeter. Le problème est que même si une croyance trouvait son origine dans une source tout à fait douteuse, il se pourrait très bien qu’elle soit quand même juste ! Si une horloge cassée a ses aiguilles bloquées sur trois heures moins le quart, et si, ignorant son défaut, je la consulte à trois heures moins le quart, ma croyance résultante qu’il est trois heures moins le quart provient alors d’une source entièrement douteuse, mais il en reste qu’elle est quand même vraie. De manière similaire, même si l’on concédait que la croyance monothéiste « sort du sable », causée par la fatigue, la soif et la peur, il ne s’ensuivrait pas un instant que cette croyance est fausse. Au grand maximum, il s’ensuivrait qu’elle n’est pas sue de manière fiable.
Mais en fait, et c’est ma deuxième affirmation, l’explication de Michel Onfray sur la genèse des croyances monothéistes est tout bonnement fausse. D’abord, elle trébuche sur la géographie. Les terres d’Israël, Jérusalem, Bethléem, Nazareth et la Galilée ne sont pas des endroits qui génèrent des envies d’oasis ; ce sont des oasis. Les textes sur la Méditerranée ancienne décrivent l’endroit comme étant particulièrement fertile. Par ailleurs, il est incroyablement imprudent de grouper tous les théistes dans un même panier, annonçant qu’ils sont tous fatigués, assoiffés ou apeurés. Peut-être certains d’entre eux ont au contraire de bonnes raisons supportant leur monothéisme. Je n’ai moi même pas très soif, merci, et quand le soleil de New York me chauffe la tête, je remercie Dieu pour mon climatiseur. Dans tous les cas, j’ai déjà mentionné (et parfois développé) dans cette critique un nombre certain d’arguments pour l’existence de Dieu, basés sur la vérité de prémisses défendues, et non pas sur ma peur de la mort ou la difficulté de ma vie. Ceux-ci servent de réfutation à la thèse présente, qui n’est donc pas qu’impertinente, mais belle et bien fausse.
Enfin, je conclue cette section une fois de plus en montrant que dans le voisinage de l’argument invalide de Michel Onfray, se trouve en fait un argument valide contre son naturalisme athée, un argument qui a été développé par Alvin Plantinga, et appelé « l’argument évolutionnaire contre le naturalisme ». Selon cette ligne de pensée, il est admis que Michel Onfray a raison de se focaliser sur la « fonction » des facultés cognitives qui entrent en jeu dans notre développement du savoir. Lorsque notre intellect génère des croyances motivées par la peur plutôt que par la vérité, il nous fait défaut ; il ne fonctionne pas proprement. Pour qu’une croyance véritable soit un cas de savoir, il faut qu’elle soit générée par nos facultés cognitives fonctionnant proprement, visant la vérité.
Le problème pour Michel Onfray, est que si son athéisme est vrai, et si la seule chose qui existe est la nature, alors la fonction de nos facultés cognitives n’est pas de détecter la vérité, et elles ne sont alors pas fiables.
Je m’explique. Si Dieu existe, alors l’homme, créé par Dieu, attribue logiquement le fonctionnement de ses facultés cognitives au dessein de son créateur : Dieu créa l’homme a son image, avec un intellect conçu pour viser la vérité et former des croyances vraies, obtenant du savoir sur le monde. Si Dieu n’existe pas, en revanche, quelle est la fonction de nos facultés cognitives ? Qui les a conçues et dans quel but? Réponse : l’évolution, pour nous rendre aptes à la survie. Selon la théorie Darwiniste, le cerveau humain et ses facultés cognitives extrêmement complexes sont le fruit non pas d’un dessein intelligent, mais d’un long processus naturel, de mutations aléatoires, filtrées par la sélection naturelle retenant les mutations utiles à la survie, et éliminant les mutations mal-adaptives. C’est la théorie standard de l’évolution. Le problème apparaît alors : si la fonction de nos facultés cognitives est d’assurer la survie de l’individu, alors il n’y a pas de raison de penser qu’elles soient fiables pour produire du savoir véritable. Lorsqu’elles fonctionnent proprement, nos facultés cognitives visent notre survie, mais ne visent pas particulièrement la vérité. Ce n’est pas qu’elles visent le mensonge non plus ; c’est juste que la vérité leur est indifférente. Une croyance peut être vraie ou fausse, ce qui compte c’est que l’individu qui la croit ait un bénéfice en terme de survie. Dès lors, nous avons une raison de douter de leur capacité à produire des croyances vraies, dans la mesure où ce n’est pas leur fonction.
Une réponse typique de l’athée consiste à rétorquer qu’il va de soi que si nos facultés cognitives sont fiables pour obtenir la vérité, alors elles fournissent par là même un avantage en terme de survie. Le problème, c’est que ce fait n’a aucun impact sur la question qui nous intéresse. Pour faire confiance à nos facultés cognitives, il aurait fallu non pas que « si elles sont fiables alors elles aident à la survie » ; mais au contraire que « si elles aident à la survie, alors elle sont fiables » ; et cette dernière implication n’est absolument pas vraie ; il n’y a aucune raison de penser que si nos facultés cognitives sont adaptées à la survie, alors elles sont fiables pour produire des croyances vraies.
Il s’ensuit donc qu’un athée naturaliste qui croit à l’évolution, dispose d’une raison de douter de la fiabilité de ses facultés cognitives pour détecter la vérité. Mais évidemment, s’il tient une raison de douter de cela, alors c’est une raison de douter de toutes les croyances produites par ces facultés cognitives, naturalisme athée et évolution inclus. La croyance jointe en l’évolution et le naturalisme athée est donc littéralement auto-réfutante, et ne peut pas être adoptée rationnellement.
On voit donc ici une fois de plus que l’argument offert par Michel Onfray non-seulement échoue dans son attaque du théisme, mais présente même un challenge intellectuel supplémentaire pour sa propre position athée.
Guillaume Bignon, M.S., M.A., Ph.D. Théologie Philosophique
Votre argument, dérivé de celui de Plantinga, à l’effet que: » Lorsqu’elles fonctionnent proprement, nos facultés cognitives visent notre survie, mais ne visent pas particulièrement la vérité » , est en effet indépassable à l’intérieur d’une logique qui admet au départ l’existence d’une Vérité extérieure à l’homme et indifférente à son histoire évolutive.
Mais à quelle sorte de Vérité, Plantinga réfère-t-il, et une telle Vérité existe-t-elle? voici une question pertinente.
La Vérité dont il parle a tous les aspects de la Vérité platonicienne : certitude absolue et certitude éternelle. Dans toute la connaissance humaine, seulement la portion congrue occupée par les mathématiques peut répondre à ces critères. Les théorèmes et les objets construits par les mathématiciens possèdent ces deux caractéristiques pour la bonne raison qu’ils ont été construits par les mathématiciens eux-mêmes et qu’ils n’existent qu’à l’intérieur du réseau clos des postulats et axiomes créés par eux.
Mais nulle autre connaissance humaine ne répond à ces critères. Même les soi-disant vérités religieuses ont été ébranlées par l’effort des exégètes des textes sacrés depuis 150-200 ans. Et même l’Inquisition a été abolie par des papes qui avaient vraisemblablement cessé de croire aux puissances des démons. Il n’y a donc pas d’autre forme de connaissance que celle développée par le cerveau humain qui résulte lui-même d’une évolution par adaptation. Dennett développe ces points de belle et forte façon dans son livre Consciousness explained .
Pour prouver son argument, Plantinga devrait nous pointer du doigt des Vérités comme celles auxquelles il semble référer et nous prouver qu’elles en sont. À part pour les théorèmes mathématiques, qui sont d’application assez limitée au quotidien on en conviendra, il n’en trouvera pas. Et si de telles Vérités n’existent pas, exiger que l’appareil cognitif humain ait été développé pour en appréhender, cela apparaît superfétatoire.
Bien à vous,
Robert Bernier
Physicien
auteur de: l’enfant, le lion, le chameau: une pensée pour l’homme sans Dieu
Mirabel, (Québec)
Bonjour,
Merci pour votre commentaire; mon temps est compté, mais voyons si l’on peut résoudre la difficulté que vous soulevez. Lorsque Plantinga annonce que si le naturalisme et l’évolution sont vrais alors nos facultés cognitives ne sont pas façonnées dans le but d’accéder la « vérité », vous pensez qu’il a en tête la « Vérité platonicienne : certitude absolue et certitude éternelle ». J’avoue ne pas comprendre cette objection, car la certitude n’est pas une propriété de la vérité, c’est une propriété d’une croyance humaine. La vérité est une propriété des propositions : toute proposition est vraie ou fausse, indépendamment des croyances humaines à son sujet, et donc indépendamment de toute « certitude ». La proposition « la terre est ronde » est vraie, elle était vraie avant qu’il n’y ait des hommes sur la terre, et cette proposition resterait vraie même si je la croyais fausse, peu importe mon niveau de certitude à son sujet. « La molécule d’eau est formée de deux atomes d’hydrogène et d’un d’oxygène », « deux propositions contradictoires ne peuvent être vraies dans le même sens et en même temps », « la lune n’est pas constituée de fromage vert », toutes ces propositions sont vraies, et leur vérité est belle et bien « extérieure à l’homme et indifférente à son histoire évolutive ». Elles sont donc des candidates appropriées pour la cible de nos croyances humaines. Mon argument demande alors : étant donné que ces propositions sont vraies, avons nous en tant qu’humains, des facultés cognitives fiables qui nous permettent d’accéder au savoir que ces propositions sont en effet vraies?
Personne ne parle donc ici de certitude absolue au sens mathématique que vous soulevez. Au contraire, en tant que chrétien, je suis bien convaincu que dans le dessein de Dieu, le savoir ne requiert pas la certitude absolue : je sais que je suis né en France, je sais qui est mon père, je sais que le Général De Gaulle a énoncé l’appel à la résistance, et je sais que la capitale de la Chine est Pékin. Je n’ai pourtant pas de certitude mathématiquement absolue au sujet de ces propositions. Plantinga lui même est un ardent défenseur des croyances « proprement basiques », et défend la cohérence du fait que si nos croyances en des vérités résultent de facultés cognitives fonctionnant proprement dans un environnement propice, selon un dessein dirigé vers la vérité (un dessein de Dieu, donc, pour le chrétien), alors il s’agit bien d’instances de savoir. Vous voyez donc que les croyances que Plantinga décrit ne sont pas du tout des certitudes absolues, et le fait que de telles certitudes n’existent soi-disant que dans le domaine des mathématiques n’abime en rien son argument.
Il demeure que même ces croyances modestes en des vérités mondaines sont, selon le naturaliste athée qui affirme l’évolution, issues de facultés cognitives dont la fonction n’est pas d’accéder à la vérité, mais de survivre. Cela doit retirer notre confiance dans la fiabilité des informations obtenues par leur utilisation, de la même sorte que l’on doit douter des informations obtenues en lisant les propositions de la « magic 8 ball » : leur fonction n’est pas de livrer la vérité.
Et donc en suivant la conclusion qui s’ensuit logiquement, si le naturalisme athée et l’évolution font qu’il n’est pas raisonnable de faire confiance à nos facultés cognitives humaines, ils ont pour conséquence qu’il n’est pas raisonnable de croire les propositions qu’elles nous livrent; mais évidemment il s’agit de toutes nos croyances, ce qui inclut nos croyances dans le naturalisme et l’évolution, qui se voient donc être auto-réfutant. Même s’ils sont vrais, il n’est pas raisonnable de les croire.
Oui, comme vous dites si bien, le temps nous est à tous compté. Mais un dialogue de nature philosophique est une façon valable de l’utiliser.
Vous écrivez: » La proposition « la terre est ronde » est vraie, elle était vraie avant qu’il n’y ait des hommes sur la terre, et cette proposition resterait vraie même si je la croyais fausse, peu importe mon niveau de certitude à son sujet. « La molécule d’eau est formée de deux atomes d’hydrogène et d’un d’oxygène », « deux propositions contradictoires ne peuvent être vraies dans le même sens et en même temps », « la lune n’est pas constituée de fromage vert », toutes ces propositions sont vraies, et leur vérité est belle et bien « extérieure à l’homme et indifférente à son histoire évolutive ». »
On ne peut évidemment vous reprendre sur ce point. Mais vous et moi savons que les vérités auxquelles Plantinga s’intéresse ne sont pas celles-là. Dans un de ses plus récents livres (Where the conflict really lies: science, religion & naturalism, Oxford University Press, 2011), Plantinga pose clairement l’objet de son ambition, ce qu’il veut sauver, et c’est l’idée que nous avons été créés à l’image de Dieu: « God is omniscient, that is a knower, and indeed the supreme knower. … he knows everything, knows for any proposition p, whether p is true. We human beings, therefore, in being created in his image, can also know much about our world, ourselves, and God himself. » (p. 268)
Ce qu’il veut sauver, c’est que le contenu de la foi chrétienne est vraie, parce que révélé par Dieu, le supreme knower, à l’homme, créé à son image.
Or, il est important de rappeler que Plantinga n’est pas seulement un philosophe s’interrogeant de façon désintéressée sur la valeur épistémologique de nos savoirs. Plantinga est associé de très près à la mouvance du Dessein Intelligent qui, comme je l’explique sur mon blogue, est un programme politique. Un programme du plus extrême conservatisme à tous les niveaux: morale sexuelle, économie, environnement (climatoscepticisme).
Après avoir défendu sa thèse à l’effet que le naturalisme ne peut garantir l’absolue fiabilité de ses « croyances » en raison de leur seule valeur de survie, ce sur quoi on ne peut le contester, il se croit alors permis d’avancer n’importe quelle pseudo-vérité. La plus énorme, et vous la verrez dans plusieurs des textes importants de Plantinga, la plus énorme donc étant que Dieu aurait pu partout intervenir pour pousser la nature dans la direction de la production de l’homme (à son image) tout en laissant les mêmes traces que celles mises au jour par les biologistes de l’évolution. Et ces pseudo-vérités, évidemment, il ne se sent pas l’obligation d’en démontrer la véridicité.
Ce faisant, son but est de libérer le croyant de l’obligation de remettre en question ses croyances. Et cela n’est pas sans conséquences potentiellement désastreuses au niveau politique. Notamment, le soutien inconditionnel accordé par l’extrême droite religieuse américaine (et maintenant la canadienne également) à tout ce qui peut provoquer, au Moyen-Orient et en Israël, la grande guerre des religions (celle dite d’Armageddon) qui doit provoquer le retour du Christ. Ouf!
Bien à vous,
Robert Bernier
Bonjour,
Voyons voir si on peut aboutir à une conclusion vis-à-vis de l’argument en question.
De mon commentaire ci-dessus, vous ne relevez pas mon objection sur votre amalgame entre vérité et certitude, je suppose alors que vous acceptez ma correction : la certitude n’est pas une propriété de la vérité, mais une propriété des croyances, et rien de ce que je n’ai présenté dans ma défense de l’argument ne présuppose que le ‘savoir’ requiert la ‘certitude’.
Vous ne relevez pas non plus ma réponse à votre objection initiale et principale, qui disait que Plantinga visait soi-disant ces certitudes absolues. J’ai montré que ce n’était pas le cas, car il défend avidement le concept des croyances « proprement basiques », et vous ne reprenez pas le sujet.
Enfin, vous ne présentez pas non plus d’objection contre les contentions de l’argument évolutif que j’ai soutenu ci-dessus, mais faites plutôt référence à la liste de vérités mondaines que j’offrais en exemple; vous acceptez le fait qu’elles sont évidemment vraies, mais dites : « vous et moi savons que les vérités auxquelles Plantinga s’intéresse ne sont pas celles-là. » -Non, ce n’est pas le cas. J’insiste: l’ensemble des propositions auxquelles l’argument de Plantinga s’intéresse contient, entre autres, précisément toutes celles que j’énonçai, puisqu’il inclut absolument toutes les propositions vraies. L’argument établit que les facultés cognitives humaines (si le naturalisme et l’évolution sont vrais) ne sont fiables pour savoir aucune proposition, que ces propositions aient pour objet la terre, la lune, les mathématiques, l’histoire, la météo, la théologie, ou l’athéologie. Alors oui, Plantinga a aussi pour projet personnel de défendre la rationalité des vérités de la foi chrétienne, (il est chrétien, après tout est-ce bien surprenant?) mais c’est entièrement indépendant de l’argument évolutif contre le naturalisme et l’évolution—l’argument qui fait l’objet de mon article ci-dessus, et dont le seul but est de montrer qu’il est irrationnel d’affirmer le naturalisme athée et l’évolution, tout en faisant confiance à nos facultés cognitives pour accéder à ces vérités.
Alors les allégations contre Plantinga, sa soi-disant association avec l’intelligent design, les motivations politiques, l’extrême droite religieuse américaine, le Moyen Orient, Israël, les guerres de religion, tout cela est positivement hors-sujet. L’argument présent reste irréfuté, et sa contention majeure semble même concédée lorsque vous dites du fait que nos facultés cognitives aient en vue la survie plutôt que la vérité : « on ne peut le contester ».
L’argument me semble tenir bon.
Cordialement,
Guillaume.
L’idée générale de mon propos est la suivante: l’argument est irréfuté, comme vous dites, mais il est à côté de la plaque.
À côté de la plaque de deux manières:
1) peut-être que l’homme peut trouver des vérités en regardant en lui-même mais ce n’est que depuis qu’il a plutôt commencé à regarder dans le livre de la nature, pour reprendre les mots de Francis Bacon et de Galilée, qu’une connaissance réelle et utile (en médecine notamment) a commencé à se développer. Réfuter le naturalisme par des arguments philosophiques de haute volée détourne le regard du fait incontestable que ce n’est qu’avec une approche totalement naturalisée à l’exploration et à la connaissance du monde que l’humanité a commencé à se sortir d’une torpeur intellectuelle causée par des siècles d’entreglosage comme disait Montaigne (des livres à propos des livres et nous ne faisons que nous entregloser) plutôt que d’étude. Donc, à côté de la plaque, premièrement, pour des raisons d’épisémologie justement alors que Plantinga veut nous proposer une épistémologie chrétienne qui s’est avérée stérile au cours des siècles;
2) à côté de la plaque, encore et j’y insiste, si on en néglige de regarder ce que Plantinga se trouve à cautionner en étant le philosophe de service du Dessein Intelligent.
Je crois bien qu’on s’est tout dit. Je vous remercie d’avoir pris le temps de me répondre. Je ne suis pas philosophe -vous l’aurez vu- mais je vois dans la philosophie un travail de dialogue à travers les siècles et les cultures. Pour cette participation savante à ce dialogue, je ne puis que vous remercier.
Robert Bernier
Mirabel
Robert Bernier
Il semblerait qu’on se soit tout dit sur la validité de l’argument, effectivement, mais avant de nous quitter, permettez-moi de vous laisser un petit « caillou dans la chaussure », sur la question de savoir s’il tombe « à côté de la plaque ».
Si l’argument admis irréfuté établit qu’il est irrationnel d’affirmer le naturalisme athée et l’évolution, et que vous affirmez le naturalisme athée et l’évolution, il s’ensuit logiquement que votre position est irrationelle. Cela devrait être un souci pour le penseur moderne, qu’il soit physicien ou philosophe, ingénieur ou théologien. Je vous laisse y songer.
Amicalement,
Guillaume.
Oui. Je réfléchis souvent à ce problème, qui est des plus sérieux. Mais c’est celui de la valeur même de la rationalité. Jusqu’où peut-elle s’étendre? Le monde est-il entièrement démontrable? Il faut qu’il puisse l’être si nous proposons de nous en remettre toujours in fine à la rationalité.
Le grand mathématicien David Hilbert avait espéré refonder toutes les mathématiques à partir de quelques axiomes de base. Il espérait trouver une structure complète et fermée dans laquelle chaque proposition pourrait être démontrée ou invalidée à partir des autres propositions. Gödel et Turing ont montré que, au contraire, il y avait plus dans les mathématiques que ce que les mathématiques pourraient jamais soutenir. Autrement dit, que plusieurs propositions possiblement vraies ne pourraient jamais être démontrées l’être à l’intérieur d’un système d’axiomes.
Pour la philosophie, il semble que les philosophes analytiques n’arrivent pas non plus à tout démontrer. Un Wittgenstein a fini par être obligé de renier ses débuts auprès de Russell.
Dans les neurosciences cognitives, on montre que les arguments et le discours rationnels n’arrivent qu’à la fin, presqu’en épiphénomène, derrière et après des mouvements de « l’âme » largement inconscients. Ce qui semble d’ailleurs donner raison à David Hume disant que « la raison est la servante des passions ». À tel point que l’on essaie d’introduire ce genre de logique floue en intelligence artificielle, et que l’on constate un réel progrès de celle-ci depuis que l’on a emprunté ce chemin.
Devant ce qui semble être un manque de fondement ultime à la pensée et à la rationalité elle-même, les pragmatistes, que je ne fais que commencer à étudier, les pragmatistes mais également les scientifiques, nous recommandent de retourner toujours aux faits et de les laisser porter le jugement ultime. Je sais que cela non plus n’est pas si simple puisque nous ne sommes jamais des observateurs neutres devant les faits. Nous les abordons toujours armés de nos théories et de nos biais cognitifs. Mais, heureusement, ce que Karl Popper appelait l’inter-subjectivité nous protège jusqu’à un certain point de nous-mêmes.
En conséquence, je continue de penser que la validité d’une approche est démontrée, ultimement, non pas par des arguments dits ou présumés rationnels, mais par la fécondité au plan des résultats, ce en quoi je me reconnais chez les pragmatistes. Or, ici, il est bien clair que c’est l’approche complètement naturalisée à la connaissance, le Naturalisme que vous présentez comme irrationnel, qui a livré des résultats au cours des 4 derniers siècles.
Salutations distinguées (et finales, je le promets),
Robert Bernier
Mirabel, (Québec)
Selon M. Bernier, physicien ( argument d’ autorité ? ) seules les vérités mathématiques accèdent à la certitude .
Plus un concept implique d’ hypothèses, plus il court le risque d’ être infondé … pour des raisons simples de probabilités . C’ est le cas du concept de Trinité, d’ autant plus contre-intuitif .
Or le concept de Trinité est mathématiquement logique :
Dieu est infini.
Or selon les Maths modernes
3 x OO = OO ( infini )
Comme ce concept date de + 1600 ans, soit ce concept est valide malgré le « rasoir d’ Ockham » soit ses énonciateurs ont eu une chance …. miraculeuse !
Salutations en Christ !
Quelques réflexion sur le pragmatisme pour M. Bernier,
Vous déclarer : « je me reconnais chez les pragmatistes », ce qui m’entraîne à rédiger une courte réponse.
« En conséquence, je continue de penser que la validité d’une approche est démontrée, ultimement, (…) mais par la fécondité au plan des résultats »
Je vais brièvement exposé un contre exemple à cette proposition assez vague au final (« la validité d’une approche », qu’est ce donc que cela ?), et expliquer pourquoi votre approche n’est pas rationnelle.
Considérons cette proposition A : « Le nombre de cheveux sur la tête de M.Smith en 1996 ». Cette proposition n’a aucune valeur pragmatique. Selon le point de vu pragmatique elle ne peut être considérée comme vraie en vertu de son manque de « fécondité au plan des résultats ». Puisqu’il existe des propositions vraies (qu’on sache qu’elles soient vraies ou pas) telles que A, alors une vision pragmatique est fausse. Il existe des propositions inutiles d’un point de vu pragmatique.
« non pas par des arguments dits ou présumés rationnels »
Cette phrase suggère que vous refusez, sans justifications aucunes si ce n’est qu’il vous déplaît, l’argument de Plantinga. L’argument n’est pas dits ou présumés rationnels. Il l’est car la conclusion aboutie logiquement des prémisses d »après les règles proprement basique de la logique.. Règles que vous utilisez vous même, bien naturellement (avec jeu de mot).
« le Naturalisme que vous présentez comme irrationnel, qui a livré des résultats au cours des 4 derniers siècles »
Que le naturalisme soit rationnel ou pas, il ne répond pas aux questions. Seul la philosophie répond aux questions.
Comme vous le dites « retourner toujours aux faits et de les laisser porter le jugement ultime ». Tout à fait, suivons les faits la ou ils mènent. Et au vue des récentes découvertes scientifiques en mécanique quantique il est bien plus rationnel de croire en un être ou une chose qu’on pourrait appeler Dieu selon la définition d’un théisme ouvert.
Cordialement,
Estebal.
Bonjour, « un humain ».
Sur la forme, vous avez raison, mon utilisation du terme « contention » est un anglicisme. Je vais le corriger de ce pas.
Votre critique du fond commence par dire que le sophisme génétique n’est pas nécessairement offert par Onfray. Oui, et je ne dis pas qu’il le commet, j’anticipe juste un argument invalide. Vous semblez critiquer cette manœuvre, mais elle est complètement standard en argumentation philosophique : on discute des objections offertes, et d’autres que l’on imagine possibles. Vous dites que je suis « hors sujet », mais mon sujet est l’existence de Dieu, pas uniquement ce qu’Onfray en dit explicitement.
Vos remarques sur mon exemple de la pendule cassée sont impertinentes : oui, la pendule n’est pas fiable, car la probabilité qu’elle donne une information correcte est faible, mais je n’ai jamais dit que cette probabilité était forte. Vous corrigez ma conclusion en suggérant qu’il me faudrait dire « Au grand maximum, il s’ensuivrait qu’elle est hautement improbable » mais non, j’insiste, un mécanisme qui livre des connaissances aléatoires n’est pas fiable, mais il ne s’ensuit pas qu’une croyance particulière qui en provient soit probablement fausse. Tout ce qui s’ensuit, c’est qu’on ne sait pas si elle est vraie, car le mécanisme n’est pas fiable. C’était ma conclusion.
Pour les discussions de la soif, vous dites que je confonds causes et effets. Il n’en est rien. Onfray dit que la soif explique pourquoi les bédouins au cerveau cuit en sont arrivé à croire au monothéisme, il me semble approprié de répondre que d’autres personnes sans soif ont atteint les mêmes conclusions.
Vis à vis de l’argument de Plantinga, l’argument évolutionniste contre le naturalisme, vous dites « il n’est pas nécessaire que l’évolution ait « visé à la vérité ». Il suffit que l’accès à la vérité soit globalement favorisé par les effets de la sélection naturelle », mais c’est ni plus ni moins ce que j’entendais par « viser ». Et le problème pour l’athée est précisément qu’il n’y a aucune raison de penser que la sélection naturelle favorise l’obtention de la vérité. Vos exemples de tyrannosaure et de bazooka ne servent qu’à établir que si on a un mécanisme fiable qui donne les croyances vraies (qu’un bazooka et un tyrannosaure sont dangereux), alors on est mieux adapté à la survie. Pour vous citer explicitement, vous établissez que « la faculté de discernement de la vérité amène un indéniable avantage en terme de survie. »
Mais c’est précisément la réponse invalide que j’avais anticipée (et vous traitez ses partisans d’attardés mentaux). Ce qu’il vous faut montrer, ce n’est pas que les croyances vraies sont favorables à la survie ; c’est au contraire que les croyances favorables à la survie sont vraies. Mais il y a toutes sortes de croyances complètement fausses qui résulteront également à la survie devant un tyrannosaure ou un bazooka, et donc la conclusion est injustifiée.
Vous remarquez ensuite que nos facultés ne sont pas « fiables », car il existe des hallucinations, des biais cognitifs, etc… Mais c’est juste une équivocation sur le mot « fiable ». Je ne présuppose en aucun cas que nos facultés doivent être infaillibles avant d’être déclarées fiables. J’entendais par « fiable » quelque chose du style « produit une large prépondérance de croyances vraies ». C’est toujours plus que ne peut justifier un naturaliste darwiniste.
Vous dites ensuite que ma critique souffre du même sophisme génétique discuté ci-dessus. C’est faux. Je ne dis pas que les croyances livrées par des facultés cognitives forgées par la sélection naturelle sont fausses (ce qui serait le sophisme génétique), mais non sues de manière fiable (ce qui est précisément la conclusion que je tirais dans ma clause « au maximum », que vous critiquiez vous même).
Ensuite quand je propose qu’une instance de savoir est trouvée lorsqu’elle est produite par des facultés cognitives fonctionnant proprement et visant la vérité (thèse de Plantinga), vous dites que je commets encore l’erreur du sophisme génétique, que je décrivais en ces mots « cette erreur de raisonnement consiste à critiquer la source d’une croyance (au lieu de sa vérité) pour la rejeter ». En aucun cas mes deux phrases ne se contredisent. L’épistémologie de Plantinga présuppose que la croyance est vraie, et demande en plus de la vérité, qu’est ce qui lui fournit suffisamment de « warrant » pour la déclarer une instance de savoir. Ca n’a rien à voir avec la discussion de la « vérité » de la proposition, qui, j’insiste, commet le sophisme génétique si l’on conclut que la vérité n’est pas présente du simple fait que le mécanisme ayant produit la croyance n’est pas fiable.
Quand vous dites qu’il y a des athées, et que leurs facultés cognitives n’ont alors pas trouvé la vérité sur ce point, vous ne faites que répéter l’incompréhension du mot « fiable » tel qu’il est entendu dans mon argument. Personne ne dit que les facultés cognitives devraient être infaillibles pour être fiables. Même un athée, qui donc selon moi se trompe sur l’existence de Dieu, a évidemment des capacités intellectuelles fiables, dans le sens où elles fournissent une prépondérance de croyances vraies (des milliers par jours !)
Votre critique de ma compréhension de l’évolution n’est pas claire. Ma formulation de « but » est évidemment métaphorique, mais c’est pour illustrer de manière imagée le fait (non imagé) que la sélection naturelle tend à produire la survie, pas particulièrement la vérité. Rien n’est tiré d’une incompréhension de la métaphore, donc je ne vois pas de quoi vous vous plaignez ici.
Vous dites ensuite qu’il ne faut pas s’étonner d’avoir des capacités fiables, car si on ne les avait pas, on ne serait pas là pour s’étonner. C’est une erreur : évidemment qu’on ne serait pas là, mais le fait qu’on soit là avec des capacités intellectuelles fiables requiert toujours une explication. Le condamné au peloton d’exécution, qui se fait tirer dessus par 15 personnes et s’aperçoit qu’il est toujours en vie doit bien trouver une explication au fait bizarre qu’aucun des 15 tireurs ne l’ait tué (ont il fait exprès de rater ? Avaient ils des balles à blanc ?) Il serait absurde qu’il se dise « oh, rien d’étonnant, car si ils m’avaient tué, je ne serais pas là pour m’étonner ».
Votre dernier paragraphe dit que nos facultés cognitives sont fiables dans des domaines et moins dans d’autres, ce qui évidemment n’influence en rien mon argument, nos facultés cognitives restent fiables dans le sens expliqué ci-dessus. Mon argument tient bien la route.
Je décline donc respectueusement vos invitations à me « repentir ».
Cordialement,
Guillaume.
Cher humain,
Tu demandes à Guillaume de t’excuser pour le dérangement que pourraient causer vos questionnes. Je te demanderais de m’excuser pour mon français. Étant anglophone d’origine, je risque de faire des erreurs de français. Je ne pouvais que remarquer quelques points dans ta réponse à Guillaume qui m’ont frappé comme étrange. Je vois que Guillaume a répondu à plusieurs de vos commentaires, mais j’avais quelques questions que je voulais te demander concernant certaines de tes affirmations, pour que tu les qualifies ou expliques.
Premièrement, pourquoi est-ce que tu dis que l’argument de Guillaume fait une erreur de logique ? C’est où son erreur de logique ? Tu professes être un adepte de la logique formelle. Alors, donne-nous une analyse de l’argument qui nous permettrais, nous les lecteurs, de voir l’erreur qui est commis, par Guillaume, dans la forme de son argument. Ce n’est pas grave si tu n’es pas en mesure, mais j’espère que tu ne serais pas offensé si on n’accepte pas tes multiples affirmations au fait que son argument est illogique. Peut-être que tu pourrais demander à Guillaume de décortiquer son argument, et de le présenter en logique formelle ? Ou peut-être ce que tu vois n’est pas une erreur formelle mais informelle ? Si c’est ça, alors explique nous quelle erreur informelle que Guillaume a commise. Peut-être que tu te trouves en désaccord avec un des prémisses de son argument. Si c’est le cas, pourrais-tu être un peu plus explicite sur la prémisse que tu penses devrait être rejeté…et, plus important, sur les raisons pour lequel cette prémisse doit être rejeté ? C’est facile de dire, de manière dogmatique, que tu n’es pas d’accord avec une prémisse, encore plus facile de le ridiculisé. C’est facile de dire que tu n’es pas d’accord avec la conclusion d’un argument, mais dire que tu n’es pas d’accord avec la conclusion n’est pas la démonstration que la conclusion ne suit pas des prémisses. Tu dois démontrer sois qu’il y a une erreur dans la forme de la logique, une erreur informelle dans les prémisses, ou, qu’un des prémisses (non la conclusion) est évidemment fausse. Donne-nous quelque chose qui nous pousse à la réflexion sur l’argument, au lieu d’à la recherche d’un contre-argument.
Deuxièmement, tu nous explique, ensuite, que si ce n’est pas imbécile, du moins ceux qui proposeraient un tel argument le sont, ou, du moins, qu’ils ont perdu la tête pour penser qu’un tel argument portait du poids. Ton étonnement devant les arguments que Guillaume nous propose dans cette article de blog m’appareil étrange, comme si tu n’as jamais entendu parler d’un tel argument. Ces affirmations m’appareil étrange parce que tu te présentes comme une personne qui aurait étudier la philosophie, et qui est très attaché à la logique formelle. Il me semble, alors, que tu devrais savoir que l’argument que Guillaume nous donne n’est pas nouvelle, et que cette argument peut-être présenter dans une forme qui est valide. Tu pourrais consulter, si tu doutes que j’ai raison sur l’antiquité de cette argument, des écrivains tel que Platon (le Phédon), Aristote, Emmanuel Kant (la Critique de la Raison Pure), C. S. Lewis (Miracles), Alvin Plantinga, etc. En effet, l’histoire de la philosophie, depuis les écrits de Platon nous présente avec des arguments de ce genre (les arguments diffèrent sur plusieurs points, mais ils font tous appellent au phénomène de l’intellect humaine—que ce soit sa capacité à saisir la vérité, sa capacité de raisonné, l’intentionnalité de l’intellect, etc., pour montrer l’erreur sois du naturalisme, sois du matérialisme, sois de l’évolution matérialiste, etc.). Si tu doutes que ce type d’argument peut être formulé de manière valide, alors je te conseil de consulté les écrits d’Alvin Plantinga (surtout son livre Warrant and Proper Function), et Victor Reppert (dans plusieurs articles, et dans son livre C. S. Lewis’s Dangerous Idea). Toute ces philosophes que je viens de mentionnés, certaines qui sont plus connu que d’autres, utilisent la même type d’argument que Guillaume, avec des buts semblables. Mais, peut-être que tu as raison, peut-être que chacun de ces penseurs auraient eu un moment de faiblesse, oubliant les principes de la logique pour un moment… Je dois avouer que, même si l’argument était formulé dans un moment de faiblesse, Guillaume se trouve en bon compagnie. C’est un honneur d’être comparé au philosophes les plus importantes de l’histoire du monde.
J’en suis certain que tu le savais, mais je voulais te rappeler que même Charles Darwin, voyait que l’existence de la capacité de raisonné et découvrir la vérité présentait une difficulté pour sa théorie de l’évolution. Dans le premier volume du livre « The Life and Letters of Charles Darwin », édité par son fils, Francis Darwin, nous retrouvons une lettre que Darwin a écrit à W. Graham, le 3 Juillet, 1881. Dans ce lettre Darwin dit, « But then with me the horrid doubt always arises whether the convictions of man’s mind, which has been developed from the mind of lower animals, are of any value or at all trustworthy. Would any one trust in the convictions of a monkey’s mind, if there are any convictions in such a mind? (Francis Darwin, “C. Darwin to W. Graham”, in vol. 1 of The Life and Letters of Charles Darwin (New York: D. Appelton and Co., 1896), 285.)” C’est essentiellement ce que Guillaume nous suggère…que si l’évolution matérialiste est une vérité, alors qu’on ne devrait pas se fier aux réflexions humaine…mais, si on ne peut pas se fier aux réflexions humaine, alors pourquoi pensée que la théorie de l’évolution matérialiste est vrai ? Peut-être que ce n’est qu’une théorie qui est faux, mais utile pour notre survie ? Darwin, du moins, semble avoir penser que l’argument de Guillaume n’était pas si fou…
J’avais une troisième question. Tu dis, « D’ailleurs, en plus d’une aporie, ne serait-ce pas également une hérésie que de penser pouvoir parvenir à démontrer l’existence de Dieu ? Dans l’histoire, je crois bien que certains ont perdu la tête pour moins que ça !! » Pourrais-tu nous en parler d’où tu trouves de tels idées ? À ma connaissance, l’inverse est, en fait, la réalité. C’est-à-dire, c’est une hérésie chez les chrétiens de dire que l’univers ne démontre pas l’existence de Dieu (Cf. Francis Turretin, Institutes of Elenctic Theology. Herman Bavinck, Reformed Dogmatics. Le Catéchisme Catholique…la Bible ? Romains 1 :19-20 ?)…mais peut-être que tu as accès à des sources qui raconte une autre histoire ?
Merci de clarifier vos propos.
Merci.